LIVRES AVEC VUE
Parce que certaines lignes prennent un tout autre sens lorsqu’elles sont lues en des lieux précis, Les Chasseurs de Vues ont parcouru tout Paris avec un livre à la main. Ils ont sélectionné les plus beaux endroits pour lire ou re-lire les grandes oeuvres, exactement là où les auteurs ont été inspirés par la vue. Les chapitres défilent à toute vitesse quand ils sont lus dans le bon cadre, prenez garde.
Lire avec vue sur
un jardin à la française
Dans la série des jardins parisiens planqués, celui où habitait Victor Hugo reste des plus discrets, engoncé entre l’Hôtel de Sully et la place des Vosges. Buis taillés de près, bancs en pierre et lierre qui court sur les murs… Ce jardin à la française avait (et a toujours) tout pour plaire. Intimiste et peu fréquenté, il y a toujours un petit recoin délaissé pour lire un peu de poésie. Tiens d’ailleurs, La légende des siècles vous attend.
le Bon Marché
Retranchez-vous dans le square Boucicaut et dirigez-vous vers la sortie côté bouche de métro. Là, un petit rayon de soleil filtre, fringant et déterminé. Son point de chute ? Ce petit banc vert, là, qui vous tend les bras. Installez-vous, tournez la tête. En face de vous, le Bon Marché, grand magasin mythique et parisien de la fin du 19ème siècle. Zola en a fait le terrain de jeu d’Octave Mouret et Denise Baudu. Mais on vous laisse (re)découvrir leur histoire. Le banc est à vous.
Au Bonheur des Dames, d’Emile Zola, à lire au Square Boucicaut.1 rue Babylone, 75007 PARISla plus belle place du 6ème arrondissement
Sur la terrasse du Café de la Mairie, place Saint-Sulpice, tirez une chaise à l’écart des grands bavards et ouvrez ce roman qui attend depuis trop longtemps. A deux pas de là, au 7 rue de Grenelle, les personnages de Muriel Barbery ont pris possession d’un immeuble. Une histoire de voisinage. Enfin surtout d’une concierge, d’une petite fille et d’un japonais fortuné, tous trois aux destins liés.
L’Elégance du Hérisson, de Muriel Barbery, à lire sur la terrasse du Café de la Mairie. 8 Place Saint-Sulpice, 75006 Parisles jardins du Palais Royal
Jean Cocteau habitait au 36 rue de Montpensier (juste au dessus du salon de thé Muscade), l’immense oeil de boeuf de son logis donnant sur la galerie comme sur les superbes allées du Palais-Royal. Justement, “Les Enfants Terribles” a pour cadre un appartement parisien dans lequel une frère et une soeur vivent presque reclus, donnant libre cours à leur imaginaire : entre fantaisie, possession et cruauté. Installez-vous pour lire face à ses fenêtres, le long du grand bassin. Mais prenez garde à ne pas chercher votre reflet dans l’eau… Cocteau étant fasciné par la mythologie, Narcisse n’est peut-être pas loin.
Les enfants terribles de Jean Cocteau à lire aux jardins du Palais Royal. Lire avec vue sur
le boulevard Saint Germain
Choisissez l’étage, plus cosy et moins tape-à-l’oeil. Optez pour les heures creuses de milieu de matinée ou d’après-midi. Postez-vous près d’une des fenêtres. Commandez une citronnade. Après avoir lu quelques pages de l’autobiographie de Simone de Beauvoir, allez-vous balader au Luxembourg. Pourquoi ? Parce que c’est exactement ce que la philosophe a aussi fait la première fois qu’elle franchit la porte, à la fin des années 20 : “Après avoir bu une citronnade au Café de Flore, qui n’était alors qu’un petit café de quartier, nous nous promenâmes dans le Luxembourg.” Écrit noir sur blanc, on vous dit...
Mémoires d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, à lire au Café de Flore.